C’est moi
Je regarde autour de moi, et tout ce que je vois, ça me représente. Les nombreux projets qui s’accumulent dans des dossiers sur mon ordi, en une pile sur le coin de mon bureau. Un petit tas de romans, de revues et de journaux, qui se retrouvent sur le plancher après tant de voyages entre mon lit et le salon. Je continue de les acheter plus vite que je ne les lis. Un tapis de yoga qui me sert plus souvent d’espace de travail que d’entraînement, mais qui me rappelle néanmoins de me tenir droite et de m’étirer. Un thé à moitié entamé, une poire à moitié mangée, un restant de sauce pour mes mini-carottes. Mon étui à insuline ouvert à côté de moi, se demandant si j’en ai besoin, si j’en ai trop pris. Un besoin de contrôle constant.
Tout ça, c’est moi.
La lumière douce qui s’infiltre par les grandes fenêtres, le lit bien fait, la chambre bien rangée. La petite couette extra haute qui se reflète dans le miroir et le corps couvert de quinze crèmes différentes pour guérir tous mes petits bobos. Le piano qui se diffuse en arrière-plan de ma vie. Les couvertures, les unes par-dessus les autres, partout où elles peuvent trouver une place. Les innombrables coussins, les plantes qui survivent tant bien que mal, les photos de moments heureux sur les quatre murs. Qui se décollent, qui tombent, mais que je continue de remettre à leur place par automatisme.
J’ai récemment fait un énorme ménage de mes réseaux sociaux. Je suis moins de 200 comptes sur Instagram, les stories ne sont activées que sur une vingtaine d’entre eux, je n’y vois plus que des choses qui m’inspirent, qui me mettent de bonne humeur, qui me font sourire. Je me suis désabonnée de tous les groupes et pages Facebook qui ne m’apportaient rien, rendant ainsi mon compte un peu plus «pro. » Un peu moins le néant qui influençait mon pouce à cliquer sur chaque article sans intérêt.
J’ai changé mes paramètres pour limiter le nombre de commentaires négatifs auquel je m’exposais. J’ai mis des limites sur les réseaux que j’utilise principalement : Instagram, Facebook et Tumblr. 45 minutes pour le premier, et quinze pour les deux autres. L’objectif ? Consacrer moins d’une heure par jour à du temps d’écran futile. J’écoute Netflix et YouTube sur mon ordi ou la télé seulement, sans avoir mon cell dans les mains au même moment. J’essaie de me concentrer sur le moment présent. Les vidéos que je continue de regarder me font rire, m’éduquent et m’informent, ou elles m’inspirent et me calment.
J’ai revu entièrement la relation que j’avais avec les écrans, et je n’hésite plus à désactiver le wi-fi sur mes différents appareils. Je prends davantage de temps pour créer, pour lire, pour m’écouter. Pour faire ce qui me fait réellement du bien.
Cette semaine j’ai rencontré une psychiatre du CHUM qui a pris le temps de m’écouter pour vrai, et avec qui je me suis sentie en confiance. Contrairement à tant d’autres auparavant, j’ai compris qu’elle m’avait comprise. Qu’elle essaierait sincèrement de m’aider. Est-ce ça qui m’a fait sentir sur un nuage toute la semaine ?
Hier, Le Devoir a publié un article révélant que les jeunes prenaient plus d’antidépresseurs que jamais. De ce que je peux voir autour de moi, c’est vrai. Oui, on prend des anti-dépresseurs, mais c’est ce qui nous donne le courage de changer tout ce que nous trouvons triste dans nos vies. C’est parfois le coup de pouce dont nous avons besoin pour changer le monde, et l’améliorer.
Tout ça, c’est moi. Les nombreux projets, le thé à moitié entamé et la lumière dans les grandes fenêtres. Les anxiolytiques, les antidépresseurs et les quinze crèmes pour guérir tous mes petits bobos. Le petit tas de romans, de revues et de journaux qui attendent d’être lus.
Tout ça, c’est moi. Et c’est beau.