Intrigante
On m’a dit récemment que je n’avais que trois sujets de conversation dans la vie : mes rêves, ma santé et mes états d’âmes. Pour ma santé, je suis d’accord. La moitié de mon humour repose sur ça, que ce soit physiquement, mentalement ou émotionnellement. Pour mes rêves, okay, je peux le voir. Mais mes états d’âme ? Il me semble qu’il n’y a rien de plus loin de la réalité.
Mes ami.es me disent depuis longtemps que je suis incapable de partager ce que je ressens, mon passé ou mes émotions. Un message que ça fait aussi deux psychologues que j’entends me dire. Je trouve qu’il est mille fois plus facile d’écrire que de dire les choses à voix haute, donc je comprends au moins qu’on puisse penser me connaître de cette façon. Mais encore, entre ce que je partage et les cahiers que j’emportent partout avec moi pour remplir au milieu de la nuit, l’écart est immense. Très peu de personnes connaissent réellement mes « états d’âme. » Je suis capable de me confier à deux, peut-être trois personnes. Ironiquement, ma psy n’en fait pas partie. Je travaille là-dessus.
Le plus beau compliment que j’aie jamais reçu est que je suis intrigante. J’aime ça comme mot, comme définition. Avec intrigante, il y a une part de mystère, mais aussi une envie d’en savoir plus. Parce que moi, c’est ce qui me charme dans le monde. Découvrir toute la complexité qui se cache derrière chaque personne, derrière chaque endroit, et savoir que peu importe le nombre de fois où on y retourne, il restera toujours quelque chose de nouveau pour nous surprendre.
« Let me be a surprise in your life. »
Je n’aime pas ce qui est trop prévisible. Dans un monde idéal, j’arriverais à être encore bien plus spontanée que je ne le suis, et j’espère que les limites que je mets moi-même continueront à disparaître en vieillissant. J’ai envie de dire oui plus souvent, d’arrêter d’avoir peur de tout et de me lancer sans craindre les répercussions que j’imagine et qui sont souvent fausses. D’arrêter de trop penser, et d’agir un petit peu plus parfois. Me pousser plus, de temps en temps.
Mes élans de motivation dans ce sens sont exclusivement motivés par une philosophie simple, mais que j’oublie tristement quelque peu au quotidien. Que sera sera. Ce qui doit arriver arrivera. Je ne crois pas forcément en une forme de destin ou de chemin tout tracé, mais je pense profondément que la vie suit son chemin, et qu’il faut vivre certaines choses pour arriver à avoir d’autres moments, de meilleures expériences. Et ça me réconforte, au fond, de penser que la vie fait bien les choses.
Le bonheur, c’est pas obligé d’être tout le temps extraordinaire. Souvent, c’est même dans les détails les plus simples que je le trouve ; être seulement bien, sans trop se poser de questions. C’est de ne rien faire ensemble, un.e à côté de l’autre, d’être en silence sans que ce soit inconfortable, c’est d’aller prendre une marche juste parce qu’on peut. C’est de faire la tournée des boutiques de livres usagés et d’en acheter beaucoup trop, parce qu’on trouve qu’ils sont « tellement pas chers !! » C’est d’aller patiner un soir de semaine, parce que pourquoi pas, et regarder la lune sur un bord d’autoroute pour la même raison. Parfois, c’est même juste de racheter du lait d’avoine pour mettre dans ton café le matin et trouver que le ciel est beau lorsqu’il se couche, entre la station de métro et la nuit noire.
Puis des fois, c’est de remplir des carnets de toutes tes pensées, entre minuit et deux heures, tout en sachant très bien que jamais personne ne les lira. Écrire des messages à l’aide de demi-mots, parce que t’es pas entièrement prête à t’avouer tous tes petits bonheurs, et de longs textes avec huit millions d’autres significations entre les lignes. Des petits rappels, de toi à toi, pour plus tard. Pour que dans quelques années, quand tu reliras tous ces textes ou que tu tomberas dessus par hasard, tu te rappelles qu’à ce moment-là, t’étais peut-être un peu cringe et un peu naïve, mais au moins, tu étais heureuse.