La rivière rouge
Je crois énormément à la théorie qui affirme qu’un changement arrive en plusieurs étapes, et je ne pense pas avoir la volonté de simplement modifier l’une de mes habitudes du jour au lendemain. Pourtant, ça m’est arrivé une fois de le faire, il y a trois ans, et encore aujourd’hui je m’y tiens.
Je recycle et je composte quand j’y pense, je réutilise beaucoup de choses du quotidien et j’essaie fort d’acheter de seconde main, voire de moins consommer. Pourtant, mes efforts pour l’écologie ne sont pas encore au niveau où j’aimerais les voir. Mon alimentation, surtout, est loin d’être parfaite. Mais comme manger en général est déjà relativement un défi selon les périodes, je ne me mets pas trop de pression sur ça.
En règle générale, je fais du mieux que je peux.
Le côté pour lequel je suis le plus fière, cependant, c’est au niveau des protections sanitaires. Il y a trois ans, aux débuts de la popularisation de la coupe menstruelle, j’ai décidé de faire le saut et de me lancer dans cette méthode zéro déchets pour éviter de répandre du sang partout où je passe près du quart de l’année. J’ai eu mes règles au mois de décembre et je me suis dit que c’était la dernière fois que j’utilisais des tampons jetables. Et c’est ce que j’ai fait.
Ça a probablement aidé que je ne sois pas une grande fan des serviettes sanitaires traditionnelles. J’ai l’impression qu’elles ne sont jamais la bonne taille, souvent humides, elles ne tiennent pas très bien, et dans tous les cas elles restent inconfortables. Les tampons, au moins, tu peux les oublier, mais ils ont aussi des tas de problèmes qui leurs sont associés. En plus, penser à la composition plus que douteuse de ces méthodes suffit à nourrir mon anxiété quelques heures chaque fois. Loin d’être ma solution préférée.
Alors pour une quarantaine de dollars et quelques recherches sur le web, j’ai acheté une coupe réutilisable à la pharmacie et j’ai commencé à la porter. Au bout d’un cycle à peine, j’avais trouvé l’utilisation qui marchait le mieux pour moi et elle ne me gênait plus du tout. Avec mes problèmes hormonaux qui déséquilibrent tout mon rythme, c’est un soulagement de ne pas avoir à passer ma vie à me sentir littéralement inconfortable dans mes culottes.
J’ai utilisé exclusivement cette protection pendant un an au moins, avant de me lancer dans de nouveaux moyens, eux aussi réutilisable. Non seulement j’ai l’impression que c’est plus doux et moins irritant envers mon corps, mais une fois l’investissement initial fait, ça revient drôlement moins cher et moins encombrant. Les serviettes sanitaires lavables sont devenues mes nouvelles meilleures amies, puis quelques moins plus tard, j’ai aussi découvert les sous-vêtements menstruels.
Désormais, je ne me passerais plus de la liberté de mettre simplement une culotte différente lors de ces jours un peu spéciaux. À la fin de la journée, je la rince et je la lance au lavage. Tout simplement. Beaucoup moins de gestion, pas d’odeurs, pas de souci. C’est sûr qu’il ne faut pas avoir un dégoût du sang, mais comme personnellement c’est loin d’être un problème, ça ne me dérange pas.
Avec le temps et lorsque mon budget me le permet, je tente différentes marques pour savoir laquelle me correspondra le plus. J’achète exclusivement canadien, voir québécois quand c’est possible. Je n’ai pas encore trouvé la culotte parfaite pour moi, mais je sais qu’un jour elle arrivera. En attendant, mon seul problème, c’est la disponibilité. Comme il n’y a encore que très peu de marques qui offrent ces produits, les collections sont très petites et extrêmement limitées. Le temps que j’arrive sur le site web, ma grandeur a généralement déjà disparue.
Malgré tout, j’ai espoir qu’un jour ces milliards de protections sanitaires jetables disparaîtront du marché et de nos dépotoirs. Les choix de couleurs, de tailles et de degrés d’absorption seront infinis, et chaque femme pourra trouver ce qui lui convient parmi l’univers de tout ce qui sera disponible dans le respect de l’écologie. Pour moi, lorsque j’imagine l’avenir, je ne pense pas à des milliers de gadgets cools mais plutôt à de nouvelles technologies comme celle-ci qui permettront d’améliorer le monde. Et j’ai très hâte de les voir se développer.