Visionboard
Nous sommes le 22 janvier et ça fait donc vingt-deux jours que, comme chaque année, je cherche les mots à écrire dans mon carnet. Mes souhaits pour 2021. Habituellement, je n’ai pas trop de misère à faire mon bilan de l’année précédente et établir quelques trucs que je souhaiterais accomplir durant celle qui vient. Mais cette fois-ci, on dirait que j’ai instauré tellement de choses dans ma vie déjà que je ne souhaite que continuer. Mon souhait, c’est que rien ne change.
La mode en cette nouvelle année, en plus – ou à la place ? – des résolutions, c’est un visionboard. Un regroupement d’images, avec ou sans texte, collées sur une feuille ou assemblées électroniquement, que l’on affiche pour l’avoir sous les yeux quotidiennement. Apparemment, avoir cette inspiration constante dans notre lieu de travail permet d’accomplir les objectifs qui y sont représentés, puisque l’on est positivement influencé du coin de l’œil. C’est un moyen facile de travailler dans la direction que l’on souhaite que notre vie prenne.
Donc, après avoir vu tous et chacun faire son visionboard sur les réseaux sociaux, j’ai décidé moi aussi de troquer les mots pour les images. Et à force de parcourir Pinterest pour enregistrer ce qui me plaisait, j’ai découvert que cette multitude visuelle m’aide aussi à réfléchir. Et quand je pense, j’écris. L’art dans ses différentes formes me permet ainsi de renouveler sans cesse mon médium préféré, les mots que j’écris.
Mon carton s’est rapidement recouvert d’un thème central ; l’art et la création. J’ai imprimé des représentations de bibliothèques, de machines à écrire, tous ces mots que je désire lire et écrire. J’ai des photos de petits cafés européens, région que j’adore et que je désire retourner voir mille fois encore, et de nombreuses plantes. Quelques inspirations pour mon futur appartement, un chat, mon futur ami peut-être, et une touche de magie. Un ensemble qui représente bien mon état d’esprit au final.
Après avoir tout agencé et collé ensemble, j’ai remarqué que des éléments que je n’avais pas prévus se dégageaient de ce que j’avais fait. Les couleurs surtout, le noir, le rose, le bleu. Les jeux de lumière, ce qui rajoute tant de valeur à une photographie selon moi. Des images de femmes seules aussi, mais qui semblent en total contrôle de cette solitude. Une certaine mélancolie. Ça en dit beaucoup sur moi je crois.
Mes objectifs, pour cette nouvelle année, je ne peux pas les formuler de façon très claire dans mon propre esprit. Ne pas lâcher mes cours, garder ma job. Continuer d’écrire, recommencer à lire un peu plus, consommer davantage de contenu québécois. De petits défis du quotidien, mais rien qui me permettra réellement de me dire à la fin de l’année «ça, je l’ai fait.»
Est-ce un effet de la pandémie qui m’a déjà poussée à me réinventer de milles façons ou simplement la conséquence logique de mon développement personnel, ce terme que l’on entend partout sans réellement savoir ce qu’il signifie ?
Je crois que c’est un effet des deux. L’accumulation de toutes ces thérapies qui me permettent aujourd’hui d’avoir de bons réflexes lorsque le désir de retomber dans mes addictions ressurgit de nulle part au cœur de la nuit. Le sentiment d’avoir enfin trouvé un domaine d’études où je me sente pleinement à ma place, même si je ne sais pas encore ce qui viendra par la suite. Le côté social de moi, juste assez rempli avec les personnes dont j’ai besoin, sans avoir besoin d’en avoir davantage. L’espoir que le meilleur soit encore à venir.
Je me suis laissée influencée par la mode du visionboard, et finalement, c’était exactement ce dont j’avais besoin pour me recentraliser sur moi. Car je comprends maintenant que mes nombreux bilans où je raconte ma vie n’ont pas pour but de voir les grandes choses qui viendront, que je dois et devrais faire. En me racontant moi-même ce que je vis, je fais simplement le point. Voici où j’en suis. Parfois, j’en dégage des éléments que je pourrais encore améliorer, sur lesquels je pourrais travailler. Mais je n’y suis pas obligée non plus.
Ma plus belle œuvre d’art, c’est moi. Et comme toute forme d’art, elle ne sera jamais parfaite que lorsque j’arriverai enfin à lâcher prise sur ce désir de perfection.